ISOLATION À 1 € : ARNAQUE OU PAS ?
Démarchages et publicités incitent à faire isoler les combles pour 1 €. Une bonne idée à condition d’éviter certains pièges. Suivez le guide !
Vous êtes nombreux à être démarchés ou nous démarcher par téléphone pour une isolation de vos combles à 1 €. Une offre tentante… mais qui interpelle : « Est-ce une arnaque ? », nous demandent des consommateurs. La réponse est : non, à condition d’être vigilant.
Tout d’abord, soulignons qu’isoler ses combles est une bonne idée. Une maison datant d’avant 1974 non isolée perd entre 25 et 30 % de sa chaleur par le toit, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). L’isolation de la toiture est donc l’isolation la plus rentable et la première étape à réaliser pour améliorer la performance énergétique de son logement.
Qui a droit aux combles à 1 € ?
Pour inciter les particuliers à passer à l’acte, les pouvoirs publics ont donc multiplié les dispositifs. Le plus utilisé désormais est celui des certificats d’économie d’énergie, dispositif financé par les fournisseurs d’énergie et de carburants (EDF, Engie, Antargaz, Total…).
Il permet aux particuliers d’obtenir une aide financière plus ou moins importante, dite offre “coup de pouce isolation” dans le cadre de l’isolation des combles et toitures ou bien de plancher bas (cave ou autre). Les ménages modestes peuvent ainsi bénéficier d’une prise en charge intégrale des travaux et ne payer que l’euro symbolique. Les autres peuvent profiter d’une prise en charge partielle du coût des travaux.
Avant les travaux : les points à vérifier
Pour réaliser une isolation optimale et sécurisée, le professionnel doit vérifier un certain nombre de points avant d’intervenir. Il faut avoir conscience qu’une isolation mal réalisée peut avoir des conséquences graves : incendie, moisissures…
La visite préalable
Une visite préalable des combles, en amont de la rédaction du devis, est très importante. D’ailleurs, depuis Avril 2018, les règles d’isolation des combles dans le cadre du dispositif des certificats d’économie d’énergie stipulent que « le professionnel effectue, au plus tard avant l’établissement du devis, une visite du bâtiment au cours de laquelle il valide que la mise en place des isolants est en adéquation avec le bâtiment ».
Mais cette exigence est trop souvent contournée : nombre de devis sont réalisés à distance, en posant une série de questions aux candidats à l’isolation et en estimant les surfaces à partir de sites en ligne comme celui du cadastre. Le professionnel ne se déplace ensuite qu’une seule fois, pour la visite et l’isolation. S’il est rigoureux, il renoncera à l’intervention si les conditions ne sont pas remplies, notamment parce que d’autres travaux s’imposent (ventilation, électricité). Mais attention : certains installateurs, qui ont un quota d’isolations à réaliser par jour, sont capables d’installer leur isolant par soufflage sans avoir examiné les combles… Prudence est de mise !
La sécurité électrique
Il n’est pas rare de trouver dans les combles une partie du réseau avec des gaines et des boîtiers notamment. Le professionnel doit donc s’assurer, lors de la visite préalable, que l’installation est en bon état avant d’isoler. Gare aux fils qui se baladent sans gaine de protection !
Autre facteur de risque, la présence de spots encastrés. L’isolant ne doit jamais être mis en contact direct avec eux, ce qui implique l’installation d’un capot de protection.
À défaut, l’échauffement d’un spot peut provoquer un départ de feu.
La ventilation
Si votre maison présente des problèmes de ventilation (pas d’extracteur d’air, pas d’entrée d’air aux fenêtres…) avec la présence de moisissures, l’installateur doit normalement refuser de procéder à l’isolation, sous peine d’aggraver les dégâts.
Attention aussi à la ventilation mécanique contrôlée (VMC) : vérifiez qu’elle débouche bien au niveau du toit, et pas des combles. Sinon, il faut procéder à sa modification avant d’isoler.
L’isolation peut aussi contribuer à détériorer la ventilation en enfouissant le bloc, ou en déplaçant les gaines, ce qui peut créer des points bas favorisant la condensation et le bouchage des tuyaux par l’eau.
Le type d’isolant
Le soufflage, plus facile et plus rapide, est souvent préféré à la pose de rouleaux. Il peut aussi être plus adapté à la configuration des combles.
Quant au matériau, on vous proposera le plus souvent de la laine de verre ou de roche. La ouate de cellulose peut, dans certaines situations, être plus adaptée pour mieux isoler l’été en cas de canicule. Mais attention, contrairement à la laine de verre ou de roche, elle n’est pas incombustible. Ce qui peut conduire à des départs de feu en cas d’installation électrique défectueuse.
Pendant les travaux : la vigilance continue
Le professionnel vous a apporté des éléments de garantie, vous allez donc passer à la signature du devis et au démarrage des travaux. Il faudra cependant rester vigilant jusqu’au bout.
L’épaisseur de l’isolant
Pour isoler correctement, il faut prévoir une épaisseur assez importante d’isolant. La réglementation n’impose pas une épaisseur minimale, seulement une résistance. Mais globalement, la couche doit faire une trentaine de centimètres. Des rouleaux de 15 cm ne sont pas suffisants notamment.
Pour contrôler l’épaisseur posée, vous pouvez vous référer aux réglettes de mesure que les fabricants mettent à disposition des installateurs : ces réglettes dépassent de l’isolant pour indiquer l’épaisseur. Elles doivent rester dans les combles.
Attention aussi, aux isolations inutiles : certains professionnels peuvent vous convaincre d’ajouter de l’isolant sur un isolant déjà existant et en bon état.
La pose d’un déflecteur
Un déflecteur (bordure en métal) doit normalement être posé à la jonction avec le toit pour bien délimiter la zone à isoler. Or, trop souvent, cela n’est pas fait, sans doute parce que cela prend du temps d’enlever les tuiles sur toute la partie basse. Attention aussi à ce qu’on ne vous facture pas la pose d’un déflecteur sans la réaliser…
La trappe d’accès aux combles
Si vos combles sont en principe accessibles par une trappe, il faut veiller à ce que l’installateur ne l’ensevelisse pas sous l’isolant. Un cadre d’une hauteur supérieure à l’isolant doit être posé autour. Les fabricants de matériaux fournissent aux installateurs un plastique alvéolaire. Mais il est de qualité médiocre et peut-être avantageusement remplacé par un cadre en bois. Quoi qu’il en soit, soulever la trappe, avant le départ du technicien, peut s’avérer utile pour vérifier qu’elle a été bien traitée.